En Ayiti, pourquoi l’État doit mourir

Article : En Ayiti, pourquoi l’État doit mourir
Crédit: Dieu Nalio Chery
13 juillet 2020

En Ayiti, pourquoi l’État doit mourir

Ma proposition est simple et claire. Il faut tuer cet État qui est en Ayiti. Je ne parle pas d’État “ayitien”. Car il n’est pas Ayitien. Il est juste en Ayiti. Il cherche à tout prix à exterminer le peuple. Pour y échapper, le tuer est une nécessité. 

Ayiti n’existe pas, selon le Premier ministre Jouthe Joseph. Il l’a déclaré en mai dernier, lors d’une rencontre. 

“Le pays n’existe pas. Il n’existe ni sur le papier ni dans le réel”. 

Des mots d’un officiel, chef du gouvernement. Un pays qui n’existe pas, qui a pourtant prétendûment un État. Je pense qu’Ayiti (le peuple et le territoire) est, de préférence, sur le point d’être assassinée par cet État. Ses manifestations montrent que cet État n’est pas ayitien. Il est quoi au juste ?

Un État prédateur

En fait, en tenant compte de la nature de cet État, plusieurs auteurs développent des approches théoriques essayant de saisir ses nombreuses caractéristiques.

Pour Mats Lundahl, il s’agit tout simplement d’un État prédateur. Il pense que cet État est l’un des principaux responsables de l’appauvrissement des paysans.

De son côté, Sauveur Pierre Étienne estime qu’il est failli à ses missions modernes. Au contraire, il est caractérisé par des valeurs néopatrimoniales. Autrement dit, il ressemble à une famille qui se contente de régler les affaires privées.

État contre la nation

Lesly Péan, pour sa part, y voit une institution qui fuit ses responsabilités, qui se livre à des pratiques illicites : un État corrompu. Dans la même veine, Michel-Rolph Trouillot conclut qu’il est un État contre la nation, qui ne se soucie pas de travailler dans l’intérêt du pays.

Jean Casimir préfère de parler d’un État en Ayiti. Il observe une fracture entre l’État et le reste de la société. Un interminable dialogue de sourd !

Un État qui mange le peuple

En effet, je comprends qu’il s’agit bien d’un État « démophagique ». Tout un peuple peut être tué par l’État. Ou du moins, l’État peut mettre en place des technologies pour contrôler sa vie ou sa mort, ou s’il doit vivre ou mourir. Des politiques démophagique. La notion de politique démophagique désigne l’ensemble des dispositifs mis en place par un État pour exterminer son peuple ou une partie de ce dernier.

L’État démophagique est un État contre la nation qui confine tout non semblable dans une exclusion exclusive. Un Etat qui régularise les rapports entre les classes, et creuse le fossé, en facilitant les nantis d’accaparer les faibles capitaux des masses.

Face à un tel État, il n’y a d’autre solution que la Révolution. Tuons-le !

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Commentaires

Jodelyn
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Si le peuple ayitien tue l'État, ce ne serait que de la légitime défense. Il faut qu'il meure, pour que le peuple vive

Micky-Love Myrtho Mocombe
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Tout à fait. Merci !