« Milwaukee Blues » de Louis-Philippe Dalembert

Article : « Milwaukee Blues » de Louis-Philippe Dalembert
Crédit: Georges Seguin (Wikimedia)
2 décembre 2021

« Milwaukee Blues » de Louis-Philippe Dalembert

Louis-Philippe Dalembert fait partie de ces auteurs que j’admire. C’est grâce à son roman Le crayon du Bon Dieu n’a pas de gomme que je suis devenu bibliophile. Cette année, il signe Milwaukee Blues (288 pages) chez Sabine Wespieser. Fais-moi confiance, ce livre vaut la peine d’être lu. Voilà pourquoi !

À chaque rentrée littéraire, les lecteurs sont nombreux à attendre les sélections des prix littéraires pour en tirer quelques bouquins : des must-read books.

En cette année 2021, on avait un éventail de choix, de tous les goûts. Au printemps des monstres (Mialet Barrault) de Philippe Jaenada, pour les amoureux de faits divers. Voyage dans l’Est (Flammarion) de Christine Angot, pour rester dans l’actualité de l’inceste. La plus secrète mémoire des hommes (Philippe Rey/Jimsaan) de Mohamed Mbougar Sarr, un polar littéraire qui questionne la littérature elle-même. Dans la foulée, il y avait également Milwaukee Blues.

Roman d’actualité

Le dernier-né de Dalembert s’inspire de la mort de George Floyd, un fait divers sordide qui a propulsé le mouvement Black Lives Matter dans le monde. L’auteur porte ce roman depuis des années certes, mais le meurtre de l’afro-américain par un policier en 2020 a déclenché le processus créateur.

« C’est une histoire qui m’habite depuis très longtemps. Cela ne date pas d’hier. C’est un pays que je connais depuis longtemps, où j’ai travaillé et enseigné. Comme beaucoup d’Haïtiens, j’y ai des amis, de la famille. J’ai toujours voulu écrire une forme de roman américain, et j’ai raconté cette histoire pour faire une traversée des États-Unis.« 

L.-P. Dalembert, France Culture

Ce roman bouleversant raconte l’histoire d’Emmett, tué par un policier dans des circonstances identiques à George Floyd. Ses derniers mots : « Je ne peux pas respirer ». L’auteur a opté pour un roman choral, faisant intervenir des témoins, l’accusé, ainsi des proches de la victime.

Une écriture envoûtante

Si certains ont rapidement taxé l’auteur d’opportuniste, la magie avec laquelle il raconte l’histoire ne mérite que de l’admiration. Pour cause, le livre a été finaliste du prix Goncourt 2021.

Dessin de Micky-Love Mocombe

Même dans les mauvais Dalembert, ce qui est en réalité rare (à mes yeux, en tout cas), j’admire le style de l’auteur. Il y a toujours un brin de poésie et d’humour pour amortir la douleur. Le plus dur parfois, c’est de savoir si l’on doit rire ou pleurer.

Ce qui est certain, c’est que l’auteur est un spécialiste de ces genres de récit ample, à la fois terrifiant et teinté d’optimisme. C’était d’ailleurs la recette de son roman Mur Méditerranée en 2019 (Sabine Wespieser). Bref, je recommande vivement la lecture de tous les Dalembert.

MMM

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